A Nous De Jouer !

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Le levier de l'action politique (François Lotteau)

Contribution pour une théorie de l’action écologiste :

 

Le levier 

ACTION                                                                                                                         MONDE

                                                                                             Point d’appui

 

Nous avons peu de moyens d’action face à l’énormité des pouvoirs qui régissent le monde.

Si nous plaçons notre point d’appui au plus près de cet énorme poids, notre action peut le soulever à condition que le bras de levier soit suffisamment long.

Point d’appui : ici nous parlons de l’action que peut avoir un parti politique dans un système politique donné, avec pour fonction d’agir dans le cadre électoral existant qui détermine les places dans l’institution ; il est évident que la donnée « électorat », dans un système représentatif qui délègue, renvoie aux conditions d’obtention et non à l’exercice du pouvoir, ce qu’il faudra prendre en compte dans un second temps.

Nous avons choisi de nous placer, logiquement, au plus près du pouvoir pour pouvoir « peser » : c’est le « Un pied dedans », par notre représentation parlementaire et notre participation gouvernementale.

Mais le bras de levier n’est pas assez long. Notre « pied dehors » est trop proche du point d’appui. Notre poids est donc insuffisant pour soulever le monde régi par ces pouvoirs trop lourds pour nous.

Nous devons non pas éloigner le point d’appui mais allonger le bras de levier.

Ce point d’appui relaie la force de l’action. Or, il y a confusion entre le poids de l’action et le positionnement du point d’appui parce que pour maintenir sa position le point d’appui, persuadé que son rôle est de produire l’action et non de la relayer, ne donne pas de longueur au bras de levier.

C’est le piège de la délégation du pouvoir dans une démocratie représentative où les élus se comportent alors comme un groupe de pairs, s’autonomisant de ce qu’ils représentent. Mais c’est en même temps notre force parce que la « caste » n’est pas homogène. Pour accéder au pouvoir, former une majorité, les élus ne sont pas tous du même parti. Les trublions dans le parti principal sont facilement soit instrumentalisés soit éliminés mais il ne peut en être de même pour les forces complémentaires. Notre point d’appui est plus solide qu’il n’y paraît. C’est le poids du parti qu’il représente qui lui donne sa fonction d’équilibre des forces. Si le poids du parti ne se mesure, par confusion de fonctions, qu’à l’importance de sa représentation institutionnelle, c’est est fait de notre prétention à peser. La longueur du bras de levier est fonction de l’importance du parti dans le mouvement social, dans les affaires du monde et de la société.

Aujourd’hui, nous confondons les moyens et les objectifs. A moins d’y être majoritaire, notre participation à l’institution n’est un moyen efficace que s’il sert nos objectifs. Tant que nous sommes minoritaires, avoir des élus n’est pas un objectif en soi, ce n’est qu’un objectif d’étape.

J’avais dit en son temps que la négociation avec le PS ne devait utilement porter que sur un point : la proportionnelle. Si l’objectif d’étape  - avoir les moyens de peser par l’obtention de groupes parlementaires - devient une finalité de l’action du parti, si nous plaçons à notre direction exécutive des gens qui n’ont que la volonté de maintenir ce cap, nous inversons les rôles et faisons du parti le point d’appui de notre représentation parlementaire. C’est ainsi que nous devenons non seulement inefficaces mais qu’en plus nous devenons un parti institutionnel d’appoint, tout juste bon à négocier quelques places, et de moins en moins probablement parce que, qu’il n’en déplaise aux tenants de l’institutionnalisation, il faut tout de même un électorat pour avoir des élus !

Le parti sert à avoir des élus, c’est un fait, mais il sert à avoir des élus qui servent à quelque chose. La confusion des rôles fait que ce quelque chose est aujourd’hui trop faible. Le rapport bénéfice-risque est défavorable. Pour enrayer la chute il faut que le parti retrouve sa fonction qui est, certes, d’obtenir des élus mais pour qu’ils portent des luttes et des espérances, sans crainte de perdre leur place, sans faire comme Gribouille qui se jette à l’eau par crainte d’être mouillé par la pluie. Gardons notre point d’appui, mais passons à l’étape suivante qui ne peut consister à verrouiller le parti par peur de perdre cet acquis. L’étape suivante, c’est donner sa fonction au point d’appui, c’est développer le parti et lui donner plus de poids dans le mouvement de l’écologie politique, dans le mouvement social. L’inféoder au pouvoir par crainte de ne plus y participer serait une erreur fatale. J’espère que vous aurez compris que ceci n’a rien à voir avec une n-ième réclamation hystérique de sortie du gouvernement, comme se plaisent à nous en accuser quelques irréductibles de l’institutionnalisation politicienne du parti. 

 



09/08/2013
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