ITINERAIRE ORDINAIRE D’UN FILS D’OUVRIER A CHEVAL SUR DEUX SIECLES BOULEVERSANTS (Gilles Bénard)
Enfants du relèvement suite à la seconde guerre, nous nous vîmes écrasés par la culpabilité de nos pères quant à l’effroyable boucherie et l’holocauste (qui ne deviendra Shoah qu’avec le film éponyme de Lanzman) qui la singularisent ;
Bien que l’on puisse aussi penser le productivisme et le consumérisme de cette seconde moitié du 20e siècle comme machine à oublier la monstruosité de sa première moitié, le bon sens affleurait lorsque, enfant, nous allions en vacances dans des familles paysannes trouver l’air pur –à croire que déjà nos parents doutaient de l’air pur des villes !- (seulement deux puis trois semaines de congés pour les travailleuses et travailleurs qui devaient trouver des solutions pour les vacances de leurs écoliers, par la DASS en l’occurrence) lorsque l’on entendait les vieux se plaindre de la disparition des gibiers des champs à cause des traitements du maïs et des écrevisses à cause de ceux des plantations de tabacs… Ou bien déclarer sous forme de pensée pas si magique que cela que "c’est à cause de la bombe (essais nucléaires en Algérie) qui détraque le temps! qu’il n’y a (avait déjà) plus de saison… "
…Fils de communiste sage qui étudiait les contradictions fondamentales du capitalisme tout autant qu’adolescent rebelle qui lisait le jeune Marx: "Tout progrès dans l’agriculture capitaliste est un progrès dans l’art, non seulement de voler le paysan, mais de spolier le sol; tout progrès dans l’accroissement temporaire de la fertilité du sol est un progrès vers la ruine de cette fertilité." Podolinsky avançait déjà sur la voie d’une théorie des bilans énergétiques saluée par Engels… De ça, on comprendra bien pourquoi nos pairs ne nous entretenaient pas.
Les soubresauts, les guerres coloniales, la violence raciale, de genre, institutionnalisée, tout concourt à poser question; Sartre, Gorz, Marcuse, Arendt, Lévy Strauss, Kurz sont de ceux qui nous aideront à nous désincarcérer de la fable de l’application communiste… ce qui sauvera en nous ce qu’il faut de communisme.
André Gorz, né à Vienne capitale de l’intelligence et de la beauté du début du 19e siècle, né Gerhart Hirsch, devenu Gerhart Horst, se suicidera conjointement en 2007 avec la femme de sa vie, Dorine, très malade à ce moment-là. Jusqu’au bout (lire Lettre à D.), Gorz, sans tabous, posera les bonnes questions, celles qui préparent à une nouvelle ère.
Je passerai donc en guise de désintoxication par les abus d’une extrême gauche tentée par la lutte armée tout en étant plus Rimbaldienne et libertaire que Stalinienne, spontanéiste disait-on alors. Nous mangions bio, pratiquions les médecines douces, étions déjà persuadés que les pollutions étaient concomitantes à l’apparition et l’augmentation des maladies du siècle, libertaires politiques, libéraux sociétaux et dans nos domaines privés, enfin déjà attachés aux droits et à l’égalité d’abord.
…Avant sur le tard de retourner vers le communisme pour voir s’il était vraiment l’avenir du monde, persuadé que le temps du chamboulement était venu et possible pour cette orientation philosophico-politique. On peut dire que ça ne s’est pas vérifié !
L’adventiste politique que je suis fut interpellé par la bouffée et l’appel d’air de la création d’Europe Ecologie devenu avec les Verts, EELV. Le souffle est retombé alors que, prometteur, il semblait prêt à faire "changer de braquet" le rapport au politique. Avec l’idée qu’une sorte de communisme libertaire et humain naissait à travers l’Ecologie?
Que faire ? Répondre à ces questions parmi d’autres, par exemple:
· Pourquoi la pensée probante actuelle, l’Ecologie Politique, ne rassemble-t-elle pas mieux ?
· Peut-on trancher collectivement sur la question de savoir si le paradigme écologiste est compatible avec le capitalisme financier et de suraccumulation mortifère ? Et aussi compatible avec une pensée d’aménagement de ce capitalisme, le social libéralisme ?
· Faut-il supprimer le salariat ?
· Comment réinventer le local ?
· Dans le cycle anthropocène d’un monde fini, comment faire partager l’idée de la simplicité volontaire et la rendre joyeuse ?
· Comment ne plus penser en bourgeois punitifs… pour les autres… ?
Le Congrès qui arrive doit être celui de la conviction, du bouleversement. L’Europe, le monde semblent au bord du gouffre. Les écologistes doivent en finir avec les demi-mesures, les demi-pensées…
Il nous faudra collectivement sortir de ce congrès, neufs, réactualisés au niveau de l’exigence de la situation et plus unis que jamais.
A découvrir aussi
- Soyons fidèles à nos valeurs : changeons ! Léa DAS NEVES BICHO, Pierre MARGAIN, David SANTANA
- Refonder le parti de l'écologie politique (François Lotteau)
- Le levier de l'action politique (François Lotteau)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 16 autres membres