A Nous De Jouer !

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Penser en 3D (Martine Alcorta)

La pensée politique du XX siècle a été une pensée à deux dimensions. On pourrait l’illustrer sur un plan à deux dimensions avec en abscisse le Social et en ordonnée l’Economie. Privilégiant l’économie comme finalité on pourrait au risque de caricaturer dire que la Droite a privilégié l’axe des ordonnées réduisant le Social à une contrainte à ne pas négliger mais toujours à minimiser et que la Gauche a privilégié le social avec l’économie, notamment l’emploi, comme contrainte à ne pas négliger.
Mais dans ces deux cas de figure, on peut noter l’absence de la troisième dimension, l’environnement qui exclut effectivement la possibilité de situer l’écologie politique sur un tel échiquier politique. Car l’écologie politique ne peut se penser sans cette troisième dimension et sans exclure pour autant les deux autres, autrement dit, il nous faut désormais penser en 3D.

Or tisser à trois c’est drôlement plus complexe que tisser à deux. A deux cela peut rester « compliqué » mais à trois cela devient « complexe ». La différence ? Un système est dit complexe si le résultat final n'est pas prédictible directement même en connaissant les règles. Car ce que le compliqué n’intègre pas c’est la rétroaction. Si je considère que c’est l’interaction entre l’individu et son environnement qui peut expliquer son comportement, on peut dans un système compliqué prévoir les rétroactions de l’environnement sur l’individu et en tenir compte. Mais cette prédictibilité n’est valable que si on considère que l’environnement est stable dans le temps. Or en agissant sur l’environnement l’individu modifie l’environnement, et donc modifie la rétroaction de l’environnement sur lui-même et ainsi de suite. On peut donc faire des estimations en termes probabilistes de ce qui peut arriver mais difficilement prédire à partir du moment où on se trouve dans un système multidimensionnel. C’est en cela que la planification écologique prônée par certains politiques, se revendiquant de l’écologie, porte en elle-même ses propres limites tant elle reste engluée dans une pensée déterministe qui est devenue caduque avec la planétarisation des problèmes.

Mais nous sommes tous prisonniers de cette pensée binarisée qui a formaté nos esprits et nous a acculturé à cette vision réductive de la réalité. L’écologie politique en ajoutant la troisième dimension a pris la mesure de la complexification de la société mais si elle a très bien su la théoriser, elle reste très intuitive au niveau politique. Le débat récurrent « ni droite ni gauche » n’est qu’une vision intuitive de cette nécessité de sortir des réponses politiques construites sur la base de représentions binaires des problèmes. Mais le « ni à droite ni à gauche » reste une définition négative de ce qui doit advenir, une définition plane construite encore dans l’ancien paradigme. Elle est plus le symptôme de notre incapacité à en sortir que l’indicateur d’une métamorphose avérée de notre pensée politique. « Quand la chenille entre dans le cocon, elle commence un processus d’autodestruction de son organisme de chenille, et ce processus est en même temps celui de la formation de l’organisme du papillon, lequel est à la fois un autre et le même que la chenille. Cela est la métamorphose » Le « ni droite ni gauche » est ce processus d’autodestruction de notre organisation politique sur un échiquier où il devient inefficace de jouer mais la formation de l’organisation « papillon » qui sera à la fois autre et même, n’a pas encore trouvé son alchimie, la tentative échouée de la constitution EELV qui n’a pas permis le décollage et nous a ramené à la case départ, ne doit pas nous désespérer, bien au contraire, car nous sommes, je pense, les seuls a avoir pris conscience de la nécessité de la métamorphose politique. Pour cela il faut agir vite et regarder loin avec des lunettes 3 D.



15/08/2013
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