DE LA DECEPTION A LA NECESSITE DE L’ACTION (Jacques Boutault)
Qui croyait vraiment que le gouvernement socialiste allait changer la vie ? Pas grand monde y compris celles et ceux qui ont voté pour François Hollande. On se souvient qu’il s’agissait avant tout de se débarrasser du clown pathétique au service des riches qui occupait le fauteuil présidentiel. Pourtant, peu imaginaient que l’impuissance socialiste face à la finance atteindrait un tel niveau. Le changement nous l’avons perçu dans le style. Pas dans la volonté de transformer la société, ni de modifier le cours de l’Europe, d’entamer la transition écologique, de dompter la finance ou d’empêcher les licenciements boursiers.
Certes, pendant que le gouvernement gouverne (à vue) les ministres écologistes sont au boulot. Même muselés, ils assument leur fonction avec courage et détermination. A tel point qu’on a pu dire que tant que les écologistes étaient plus utiles à l’intérieur du gouvernement qu’à l’extérieur, il valait mieux qu’ils y restent. Mais cela est-il toujours vrai aujourd’hui, après neuf mois d’exercice de la fonction ministérielle ? La grande loi sur le logement ne sera votée qu’à l’automne et la réforme du grand Paris se voit amputée des moyens d’être mise en œuvre. Quant au démantèlement de la Françafrique, notre revival de guerre coloniale au Mali lui fait faire grand pas en arrière.
La situation est d’autant plus difficile à admettre que la transition écologique est la grande absente de la politique gouvernementale. Une absence encore plus dure à vivre car elle s’accompagne de la réaffirmation de Notre-Dame-des-Landes et d’un recul sur la fermeture de Fessenheim.
Pourtant, la transition écologiste de la société bien a commencée. Car elle est inéluctable. Les bouleversement du monde et dérèglement climatique nous le rappelle. Mais faute de la prévoir et de l’accompagner, elle risque de s’imposer à nous et de la pire des manières. Les Français, peut-être intuitivement, le perçoivent qui achètent de moins en moins de bagnoles. Mais à défaut de mettre en oeuvre la conversion vers l’économie verte, le gouvernement qui s’acharne à maintenir une industrie déclinante, ne peut que constater, impuissant, les fermetures d’usines. Et la file des chômeurs s’allonge devant mon bureau.
Je constate aussi que la question des sans papiers est rayée de l’actualité. Toujours dans la clandestinité, ils sont désormais ignorés et peuvent crever dans l’indifférence générale quand, comme à Lille, ils suivent une grève de la faim jusqu’à l’extrême limite de leurs forces pour simplement faire valoir leurs droits civiques. Quant à la politique agricole commune, elle continue à favoriser la destruction de notre environnement en subventionnant cultures et élevages intensifs et s'adapte sans cesse aux besoins de l'industrie agroalimentaire.
Alors que faisons-nous dans cette galère ? La conférence annuelle du bilan que nous avons fait inscrire en bonne place dans la motion de synthèse de La Rochelle devra répondre à cette question et nous éclairer sur la suite à donner à notre participation gouvernementale. En attendant, nous espérons une loi sur le mariage pour toutes et tous à la hauteur du principe d’égalité. Et demain ? Le droit de vote des résidents étrangers. Et une dose de proportionnelle aux élections. C’est bien le moins. Notre partenaire socialiste nous invite à la patience. Nous avions pourtant bien lu que le changement était pour maintenant. Pas pour demain.
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