Coopérer, oui mais comment? (Julien Lecaille)
Coopérer, oui mais comment ?
En cet été pré-congrès, tandis que fleurissent les textes, on peut faire un constat d'échec en ce qui concerne la « coopérative politique » annoncée à la création d'Europe Ecologie Les Verts.
-
Echec de la coopérative « interne » décrite dans les statuts dont personne ne comprend le fonctionnement, que personne n'essaie de faire fonctionner, et qui s'est peut être étouffée sous le poids de sa propre complexité.
-
Echec de la coopérative « externe »créée en début d'année et qui n'a pu pour le moment montrer sa capacité à produire une quelconque action.
-
Echec du statut de « coopérateur » qui est peu utilisé, voire parfois utilisé contre EELV
Ce constat d'échec n'est pas une conclusion, c'est un état de situation à un moment donné.
Par ailleurs, il y a quelques réussites réconfortantes :
-
Les Ecologeeks, regroupement informel des militants des droits numériques et des mobilisations électroniques, tiendra cet été son 3e rassemblement, avec plus d'une centaine d'inscrits à ce jour
-
Les Jeunes Ecologistes, la FEVE ou le Cédis, qui sont structures plus traditionnelles en terme d' « organisations proches d'un parti » montent en puissance et en compétence chaque année.
-
La Fondation écolo que nous attendions a fini par être créée, dans un configuration qui devrait lui permettre une pérennité, et a tenu son séminaire inaugural
-
Les Commissions sont dans des situations très diverses, parfois groupe expert au service du parti, parfois groupe de pression sur le parti (ou un peu des deux), mais leur nombre et leur diversité contribuent à élargir l'offre de participation au sein d'EELV
Est il possible de s'appuyer sur ces exemples pour améliorer l'aspect « coopérative » d'EELV ?
Je pense qu'il faut en premier lieu assumer l'antinomie entre le formalisme et la coopération. La coopération est d'autant plus efficace qu'elle se passe de formes figées pour s'inventer ; et inversement le formalisme fige les cadres de coopération possibles, voire essaie de contraindre à la coopération ce qui précipite l'échec.
Si on veut sauver cette possibilité de pratiques coopératives au sein d'EELV comme dans son entourage, l'allègement formel semble tout à fait indispensable plutôt que d'essayer de se rajouter encore des règles, des règlements, des procédures et des méthodes obligatoires.
Il faudra mieux aussi travailler sur les questions d'autonomie et de concurrence.
L'autonomie est une valeur fondamentale d'EELV, ce qui conduit tout le monde (adhérents, coopérateurs, structures diverses) à réclamer de décider soi-même des choses sans être soumis à quoi que ce soit. Mais plus on multiplie les structures autonomes sur le même champ d'intervention, plus on met les structures en concurrence, et donc plus on suscite méfiance, rancoeur, paranoïa, etc … ce qui n'est jamais bon pour la coopération.
Pour avoir faire les choses dans un climat propice à de la coopération, je propose :
-
d'assumer une autonomie relative c'est à dire d'accepter la présence de structures et d'instances supérieures, qui sont présentes et peuvent faire passer des consignes explicites à des structures subordonnées, dans le cadre de marges de manœuvres déterminées
-
de veiller à la non-concurrence des structures, où plutôt que de se marcher sur les pieds les uns les autres, on investisse les champs qui sont peu ou mal couverts actuellement, ce qui permet ensuite des échanges fructueux.
-
De mettre en avant la pratique plutôt que la règle.
Les structures peuvent être utiles, mais toujours en ce qu'elles permettent de faire concrètement des choses intéressantes. S'il y a bien une structure qui nous manque, c'est l'agence d'éducation populaire à l'écologie qui pourrait nous permettre de nous outiller sur les aspects les plus matériels et basiques de l'écologie au quotidien : transports, alimentation, culture de l'énergie, animation participative, sobriété ….
Si nous assumions tous et toutes de profiter de ce Congrès pour lancer cette agence d'éducation populaire à l'écologie, ce serait sans doute un grand pas. Dans la continuité de ce que j'ai écrit plus haut, il faudrait assumer de la créer à partir d'EELV, c'est à dire à partir de ses fichiers, de son réseau d'adhérents, de ses contacts associatifs, de ses ressources documentaires et sans doute un peu de ses finances ; mais pour en faire une vrai association d'éducation populaire qui existe réellement et qui produise de la formation utile à tous et toutes.
Ce serait peut être une manière d'arriver à faire, enfin, de la coopération.
A découvrir aussi
- Que sont les problèmes de la France face à ceux de la Syrie ? (Philippe Vicherat)
- Les savoirs issus de la grande pauvreté sont-ils nécessaires à la démocratie ? (Geneviève Defraigne Tardieu ATDquartmonde)
- Et si on faisait (vraiment) la coopérative? (Laurent Désobeau)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 16 autres membres